Nos filières : Artisanat traditionnel du Pérou et d'Argentine
Artisanat traditionnel du Pérou et d’Argentine
Depuis 2001, nous avons aussi mis en place des filières avec divers groupes d’artisanes et artisans, toujours dans la région centrale du Pérou.
Avec quelques artisans du petit village de Hualhuas, à 3300 m d’altitude dans les Andes, province de Huancayo. Il s’agit d’une vingtaine de familles spécialisées dans la confection textile en pure laine d’alpaga, en utilisant la technique ancestrale des teintures naturelle à base de plantes, de cochenille et d’argile. Depuis 2007 et la forte augmentation des ventes en France, ceux sont environ 60 familles qui participent maintenant au projet. La plupart se consacre au tricotage qui est l’étape la plus longue et la plus minutieuse dans cette filière. La technique de teinture naturelle requière aussi une méthode très particulière et compliquée, il n’y a donc qu’un seule famille qui s’en occupe pour l’instant, mais qui pense en former d’autres dans le futur.
Puis à La Merced, où sont produits les liqueurs, jus de fruits et confitures artisanales, nous avons rencontré un groupe de quelques femmes des ethnies Shipibo, originaires des environs de Pucallpa au début de la grande plaine amazonienne. Elles réalisent des bijoux avec des graines et depuis peu des sacs et nappes en coton, avec des dessins représentants la tradition ethnique.
Dans le cadre du développement de ses actions de solidarité avec l’Amérique latine, SALDAC travaille aussi en partenariat avec l’entreprise de commerce équitable “Sol a Sol” basée à Marseille. Celle ci tisse depuis 2003, des liens étroits avec des petits artisans et des organisations de commerce équitable en Argentine. Un de ses objectifs est de promouvoir l’artisanat des communautés Wichis, l’une des 17 ethnies que compte l’Argentine.
Artisanat textile en alpaga
Alpaquitay, un groupe d’artisans
Alpaquitay est un groupe d’artisans créé au début des années 1990, qui regroupait alors 15 familles de la communauté de Hualhuas et des environs (dont une majorité de femmes). Alpaquitay signfie “petit Alpaga” en Quechua, la langue des Incas.
Le petit village de Hualhuas se trouve dans la vallée du Mantaro, à 3500 m d’altitude, près de la ville de Huancayo, région des Andes centrales au Pérou.
Depuis toujours, le tissage textile représente une grande tradition villageoise, d’abord pour un usage familial puis ensuite pour la vente locale. Alpaquitay s’emploie à développer une plus grande solidarité entre les artisans, en s’échangeant divers conseils sur les méthodes et les techniques de confection pour une meilleure qualité de production.
Le marché local se réduisant à la foire du dimanche de Huancayo, à la vente à domicile et à certaines foires éventuelles, les revenus issus de l’artisanat restent très faibles, c’est pourquoi les associés ne sont pas seulement des artisans, mais principalement des petits agriculteurs. Plusieurs parcelles de terre parviennent presque à assurer l’autosuffisance alimentaire, composée de pommes de terre, de maïs et de fèves.
Chaque famille possède aussi quelques animaux (cochon d’inde, poule, vache, porc ou mouton) qui complètent son alimentation (fromage), mais surtout pour vendre sur le marché de Huancayo et acquérir l’argent nécessaire pour les besoins élémentaires. Il s’agit cependant d’une microéconomie de subsistance.
Les cultures sans irrigation sont tributaires des pluies. La communauté, comme l’ensemble de la région, se caractérise par son fort taux de pauvreté économique et sociale.
Le tissage
L’artisanat textile de Hualhuas est exclusivement réalisé en laine d’alpaga, provenant en grande partie de la région de Huancavelica, un peu plus au sud, et des hauteurs de la vallée du Mantaro. Quelques tapis sont aussi fabriqués avec la laine des moutons de la communauté et des hauts plateaux centraux.
Tout le travail se fait à la main, en s’aidant aussi de métier à tisser manuels pour la fabrication des tapis. Les couleurs sont obtenues naturellement, en général avec des plantes. Les femmes se consacrent au tissage pendant que les hommes s’occupent de la teinture.
C’est un travail très long qu’ils réalisent pendant leur temps libre en dehors des activités agricoles aussi très fastidieuses.
Il faut d’abord trier la laine de bonne qualité, qui varie selon les parties de la bête, pour en sélectionner les meilleures fibres à tisser. La mauvaise qualité servira pour remplir les cousins ou les matelas. Ensuite il faut faire le fil, plus ou moins gros selon le type de confection à réaliser (bonnet ou couverture). C’est à ce moment-là qu’on lave la laine, avec de l’eau chaude et du détergent, puis on la fait bouillir pendant 45 mn avec de l’alun broyé (roche saline) pour fixer les futures couleurs.
Teinture naturelle
Puis vient le savoir-faire complexe de la teinture, entièrement effectuée avec des plantes naturelles, ou avec la cochenille (larve d’insecte qui vit sur les figues de barbarie). On fait bouillir la laine avec la plante désirée, pour fixer la couleur, pendant 45 mn environ.
Chaque plante donne un couleur différente dont l’intensité varie selon le temps d’ébullition :
- Sur la photo nous pouvons voir (chaudron de gauche) la couleur obtenue grâce à la cochenille, antérieurement broyée par les artisans.
- La fleur bleue de la salvia donne une teinte verte, ses feuilles et son tronc produisent le jaune (voir les 2 chaudrons de droite).
- La cochenille peut donner du rose, rouge, violet ou bordeaux.
- La teinte orange s’obtient avec la peau de l’oignon.
- Le bleu avec la tara, plante qui pousse dans la jungle.
- Le vert kaki et le vert foncé avec la lengua de vaca (feuilles d’un arbre, en forme de langue de vache).
- Le marron provient des feuilles d’eucalyptus, ou de l’écorce de noyer.
- Le gris foncé est tiré du maïs violet, typique du Pérou.
- Pour obtenir d’autres couleurs, on peut aussi faire un mélange entre différentes plantes.
Seul la cochenille revient très cher (25 dollars par kilo), le reste se ramasse dans la nature ou s’achète sur le marché pour un prix modique.
Il faut environ 3 kg de plantes pour teindre un kilo de laine. Celle-ci est lavée plusieurs fois avant d’être tissée, pour éviter que les articles déteignent ensuite.
Bien sûr, les différents marrons, le noir, le gris et le blanc, sont les couleurs naturelles des poils des alpagas.
Grâce à tout ce procédé traditionnel de teinture et de tissage, Alpaquitay produit un artisanat d’une qualité exceptionnelle en laine d’alpaga, (qui répond aux exigences du marché international), mais dont le peu de vente sur le marché local, compte tenu des coûts de production élevés, n’est pas suffisant pour assurer un revenu régulier aux artisans.
Notre rôle
Le rôle de SALDAC est donc d’aider à exporter en France l’artisanat de Alpaquitay, afin d’obtenir des débouchés plus importants pour leurs articles, et permettre ainsi l’augmentation du revenu des artisans. Les produits sont achetés à un prix juste, respectant un commerce équitable. Les bénéfices des ventes sont réinvestis pour le bien être des familles, soit en leur achetant plus d’artisanat, soit en aidant au financement de projets de développement concernant l’amélioration de la santé, de l’éducation, de l’agriculture ou des infrastructures.
Le but est bien d’améliorer la situation économique et sociale des artisans d’Alpaquitay et de la communauté de Hualhuas, dans une région où domine encore beaucoup trop d’extrême pauvreté.
De 15 familles au début de la création de l’entreprise, c’est environ en 2008 près de 60 familles qui sont concernées par le travail dans cette filière, surtout dans les phases de filage de la laine et de tricotage des articles. Chaque année des nouvelles personnes demandent à participer au projet et apprennent à tricoter, dans l’espoir d’obtenir un revenu complémentaire à leur activité agricole, trop soumise aux aléas climatiques.
L’artisanat traditionnel Shipibo
L’artisanat traditionnel Shipibo
Ces bijoux en graines de plantes de la forêt tropicale sont faits par des femmes de l’ethnie Shipibo. Ces indiennes sont originaires du piémont de la Cordillère des Andes, au début de l’immense plaine amazonienne, dans les environs de Pucallpa qui est la grande ville la plus proche.
Les Shipibo vivent en zone rurale très isolée à l’intérieur de la forêt où les déplacements se font généralement en pirogue ou en bateau, sur les fleuves qui servent de routes. La précarité du niveau de vie, de l’éducation et de la santé, caractérise ces secteurs qui restent vraiment très en marge du développement économique et social.
Les Shipibo vivent essentiellement de l’agriculture (manioc, banane, maïs), de la pêche, de la chasse, de la cueillette de racines et de fruits tropicaux. Les femmes se consacrent à l’artisanat (tissu, poterie, bijoux) et se déplacent loin de leurs communautés, parfois jusqu’à Lima, la capitale, pour vendre leur production ou faire du troc contre des vêtements ou des produits manufacturés.
C’est à La Merced, capitale de la province de Chanchamayo, où sont produites nos liqueurs, jus et confitures, que nous rencontrons certaines de ces familles qui ont maintenant émigré dans les quartiers périphériques de la ville où elles tentent une intégration difficile. En 2001, suite à un passage dans cette petite ville, nous établissons un premier contact avec quelques femmes et nous décidons ensemble d’essayer de vendre une partie de leur artisanat en France.
SALDAC achète, pour l’instant, des bijoux à un prix nettement supérieur aux tarifs locaux, pour améliorer les conditions de vie et encourager le développement économique des secteurs concernés (quartiers urbains et communautés).
Ces bijoux sont faits à la main avec des graines ramassées dans la forêt, ou parfois cultivées. Les petites graines marrons s’appellent Pashaka, les gaines noires Ashira, les graines blanc/gris Rosario, celles en forme de cœur un peu kaki Corazón, et les graines rouges Huayruro (porte bonheur dans la tradition culturelle Shipibo).
Pour 2007, les artisanes ont prévu de développer une gamme de sacs et de nappes, réalisée en coton teint de manière naturelle (argile, achiote ou écorce d’arbre), décorée de motifs traditionnels.
Un pôle Artisanal
Depuis 2006, les Shipibo et d’autres ethnies de La Merced se sont regroupées sur un terrain plus proche du centre-ville, où ils exposent peu à peu leur artisanat. Les conditions d’hygiène et de logement y sont meilleures que dans les anciens quartiers périphériques. C’est la mairie de La Merced qui a facilité l’accès à ce terrain, pour permettre la formation d’un pôle artisanal où chaque famille peut proposer ses créations aux touristes, de plus en plus nombreux dans cette région, en provenance essentiellement de la capitale Lima.
La confection des nappes traditionnelles
C’est à partir du coton péruvien qui pousse sur la côte pacifique ou en zone amazonienne, que sont confectionnées ces nappes. C’est un travail long et complexe car tout se fait à la main.
Il faut d’abord teindre le tissu avec des produits naturels pour les nappes à fond marron : on utilise généralement de l’écorce d’arbre, du Caoba (Acajou) ou du Nogal, un noyer tropical, qui ne ressemble pas du tout aux noyers européens. La teinte foncée de l’écorce donnera un marron plus ou moins soutenu selon les quantités utilisées et le temps de cuisson, car il faut faire bouillir le tissu avec l’écorce pour que la couleur se fixe sur le coton, grâce également à une roche naturelle (Alun) qui facilite la fixation.
Les dessins sont faits à la main selon l’inspiration du moment qui retrace une tradition artistique, inspirée des croyances ancestrales et de la représentation du monde dans lequel évoluent les ethnies shipibo.
Ensuite, pour la couleur des dessins, elles utilisent dans un premier temps l’écorce d’une autre espèce d’arbre, ou plutôt d’un arbuste. Elles en font une macération pour obtenir une teinte grise, un peu dorée, qui permettra par la suite de déterminer la couleur définitive de ces traits, car en effet ils deviendront noirs grâce au contact avec une argile spéciale.
Elles vont donc au bord d’une rivière où elles savent que se trouve ce type d’argile. Il faut d’abord le débarasser de toutes les herbes et autres impuretés, puis ensuite le mélanger avec de l’eau afin d’obtenir un liquide uniforme.
Une fois les dessins terminés sur la grande nappe, elle est alors prête à être plongée dans la mixture d’argile. Il faut environ 3 jours de travail intense pour finaliser l’ensemble de la représentation artistique, car c’est bien d’art dont nous pouvons parler, au vue de cette prouesse dans la conception du tracé.